3 questions à... Élise Macaire, enseignante-chercheuse à l’ENSA Paris-La Villette
25 fév 20253 questions à
À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, l'Ordre des architectes d'Île-de-France organise le 6 mars prochain, la Soirée égalité en architecture. Élise Macaire, enseignante-chercheuse à l’ENSA Paris-La Villette interviendra afin d'échanger sur l’étude « Dynamiques de genres dans les métiers de l’architecture ».
« Quel est l’objectif de l’étude « Dynamiques de genres dans les métiers de l’architecture » commandée par le ministère de la Culture dans le cadre de l’Observatoire de l’économie de l’architecture et dont le CROAIF est partenaire ?
Le projet de recherche fait suite à un colloque international sur la question de genre dans les métiers de la conception (architectes, paysagistes, urbanistes). L’objectif de l’étude fut tout d’abord de pallier au constat selon lequel nous manquions de données statistiques sur les inégalités en lien avec les dynamiques de féminisation, dans les métiers d’architecture en particulier. Nous avons eu le sentiment qu’il était temps de faire une recherche en France qui puisse nous donner des éléments quantitatifs et qualitatifs pour comprendre comment les femmes sont empêchées dans leurs carrières.
Une première étape fut de regrouper l’ensemble des données statistiques que nous pouvions exploiter vis-à-vis du sujet d’étude. À ce titre, nous avons pu croiser des enquêtes de l’Insee, les données administratives des entreprises, des données communiquées par le Ministère de la Culture, l’Ordre, de l’UNSFA, ou encore d’Archibat RH par exemple.
Quels sont les premiers enseignements que vous en tirez et qui seront présentés le jeudi 6 mars, lors de la soirée sur l’égalité ?
Nous tirons de nombreux enseignements de l’étude, parmi lesquels :
- Bien que les effectifs des diplômés en architecture, que l’on peut estimer à environ 80000 individus, soient à 50% de femmes et d’hommes, la profession d’architecte reste un univers masculin (un peu plus de 30% de femmes inscrites à l’Ordre, 30% des femmes dans le corps enseignant, etc.). Dans ce contexte, il est difficile, même aujourd’hui, pour une femme de s’y sentir à sa place et de s’y affirmer, d’être visible.
- On constate qu’à la sortie de leurs études, il est plus difficile pour les femmes de s’insérer dans le monde du travail. Pour trouver un premier emploi, celles-ci ont plus tendance à recourir aux annonces plutôt qu’à solliciter leur réseau professionnel ou à multiplier les expériences et stages, à la différence des hommes.
- La parentalité continue d’impacter plus durement la carrière des femmes, comparées à leurs confrères, elles sont beaucoup plus susceptibles, une fois mère, de se désinscrire du Tableau de l’Ordre par exemple.
- Les inégalités des revenus perdurent : une femme continue de gagner moins qu’un homme dans les métiers de l’architecture, quel que soit l’âge et la nature du poste.
- Bien que la parole se soit déliée depuis le mouvement #MeToo, les femmes continuent d’être la cible de violences sexistes et sexuelles.
- Les femmes occupent beaucoup plus souvent des postes salariés. Les hommes évoluent plus vite vers des postes à responsabilités (en montant dans la hiérarchie, en créant leur agence ou en s’associant).
- Les femmes restent peu présentes dans les espaces de consécration (prix, presse professionnelle, accès à des postes de direction dans des agences prestigieuses…). Elles accèdent plus difficilement à la reconnaissance professionnelle et font toujours face au fameux « plafond de verre ».
Quel rôle pensez-vous que les conseils régionaux de l’Ordre de l’architecte, et le CROAIF en particulier, puissent jouer dans la sensibilisation et la prévention ?
La liste pourrait être longue mais voici quelques pistes : mieux accompagner les femmes vers la profession réglementée et développer le mentorat, accompagner les entreprises vers la mise en place de politiques égalitaires, permettre de suspendre la cotisation à l’Ordre pendant les congés parentaux, intégrer la lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans le code déontologique, sensibiliser les acteurs de l’acte de construire aux VSS, monter des opérations de valorisation des activités des femmes, etc.
Élise Macaire, enseignante-chercheuse à l’ENSA Paris-La Villette
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