L'édito de Laurence Bertaud, Présidente

Comment mieux habiter notre monde ? Comment le façonner pour qu'il soit juste, durable et résilient ?

La recherche architecturale est essentielle, incontournable et fondamentale.

Elle devient sociologique lorsqu'elle étudie les modes de vie, les interactions humaines et les dynamiques urbaines afin de créer des espaces répondant aux besoins de chacun.

Elle est technique quand elle s'intéresse aux matériaux, aux innovations constructives et aux solutions écologiques permettant de bâtir sans détruire

Elle est égalitaire, lorsqu'elle prône l'inclusion, en examinant les pratiques d'habitation, les modes de production, les minorités, le féminisme et les médiatisations. Elle sensibilise, prévient, et est à la fois scientifique et innovante.

La recherche en architecturale se pose comme un laboratoire d'idées, un espace de réflexion où se dessinent les contours du monde de demain. Elle invite à repenser nos modes de vie, à réinventer nos villes et à imaginer des lieux de vie qui soient autant de refuges que de points de rencontre.

Par conséquent, elle ne doit pas être écartée.

Le 7 mars dernier, de nombreux collectifs d’enseignants, de chercheurs et d’étudiants ont rejoint le mouvement « Stand up for Science » initié aux Etats-Unis en réponse aux bouleversements politiques récents. L’objet de cette journée est essentiel : rappeler la liberté académique et scientifique et réaffirmer qu’il s’agit d’un pilier de nos démocraties.

Dans un monde où certains discours simplistes cherchent à diviser, à exclure et à ignorer les enjeux du changement climatique et de la justice sociale, il est urgent de réaffirmer l'importance de la recherche en architecture. Ce n'est pas un luxe, mais une nécessité. Elle façonne nos espaces et, par conséquent, nos sociétés.

La recherche architecturale peut s’opérer à différents niveaux dans notre pays. Elle s’exerce à la fois dans les laboratoires établis dans les ENSA qu’il est nécessaire de soutenir. Mais il ne faut pas négliger la recherche par le travail et l’expérience, directement dans les agences d’architecture entre autres. Pour cela, il est fondamental de conserver les aides existantes en la matière comme l’accès aux crédits d’impôt recherche, le crédit d’impôt innovation, les dispositifs « Horizon Europe » ou encore ceux de la BpiFrance.

Exprimer nos idées est crucial. Il est temps de prouver que l'architecture ne construit pas seulement des murs, mais aussi des ponts vers un avenir meilleur.

Sans une recherche libre, accessible et fondamentale, qu'elle soit en science ou en architecture, l'intérêt public est menacé. 

 Laurence Bertaud, Présidente de l'Ordre des architectes d'Île-de-France