3 questions à Frédéric Quevillon, secrétaire général du Conseil régional de l’Ordre des architectes

31 oct 20233 questions à

Le 18 octobre 2023, le Conseil régional de l’Ordre des architectes a signé une charte sur la construction hors-site, fruit d’un travail collaboratif avec de nombreux acteurs franciliens, notamment le Groupe 3F, la Société du Grand Paris et Grand Paris Aménagement. L’occasion pour Frédéric Quevillon, secrétaire général du CROAIF et membre du groupe de travail « hors-site », de revenir sur les principaux enseignements de ce groupe de travail.

Quels sont les grands enjeux et défis posés par la construction hors-site ?

La notion de « construction hors site » s’inscrit dans la continuité de la notion de « préfabrication » telle que définie dans la loi « Elan » de 2018. Concrètement, la construction hors-site se définit comme de la préfabrication avec, élément notable, une volonté d’industrialisation de la production pour un déploiement massif sur le territoire. Selon le cabinet McKinsey, la construction hors-site devrait attendre le seuil de 20% de la construction mondiale d’ici à 2030. Concrètement, la construction hors-site se décompose en deux grandes étapes. Dans un premier temps, la préfabrication en atelier d’un grand nombre d’éléments avec un niveau exigeant de finitions. En moyenne, 40% des éléments peuvent ainsi être préfabriqués. Puis, dans un second temps, il s’agit de procéder directement in situ à l’assemblage des éléments sur le chantier et d’effectuer de pair un travail de finitions. La construction hors-site pourrait donc s’apparenter comme un mode constructif extrêmement vertueux et peu contraignant, combinant gains de productivité, réduction des nuisances liées aux chantiers, performances énergétiques et environnementales notables … Cependant, la construction « hors-site » est aussi une source d’inquiétude légitime et c’est le sens de notre participation à ce groupe de travail, afin de faire valoir la voix de l’architecture et de la création architecturale.

Comment le groupe de travail « hors-site » a-t-il pu permettre de répondre à certaines interrogations sur la structuration de la filière de la construction hors-site ?

En janvier 2021, la ministre de la Ville et du Logement, Emmanuelle Wargon, rendait publiques les conclusions du rapport commandé par le gouvernement à l’économiste Robin Rivaton et le président de Viparis Bernard Michel. Fruit de plus de deux ans de réflexions, ce rapport met en lumière le phénomène de la construction hors-site, en y dégageant les avantages et les faiblesses liées à son développement en France.

En novembre 2022, le ministre Olivier Klein a invité les aménageurs et maîtrises d’ouvrages du Grand Paris, en lien avec l’Ordre des architectes d’Ile-de-France et le Conseil national de l’Ordre des architectes, à « se coordonner sur le sujet et à encourager le recours à la construction hors-site ». A la suite de cette commande, un groupe de travail « hors-site » a vu le jour. Celui-ci a permis de dégager une charte après un travail de plusieurs mois, de créer un référentiel commun ainsi qu’une association réunissant l’ensemble de ces acteurs, dont le Conseil national de l’Ordre des architectes.

En quoi est-il important que le Conseil régional de l’Ordre des architectes d’Île-de-France puisse faire partie intégrante de ce groupe de travail ?

Notre présence dans le groupe de travail « hors-site » a permis de rappeler la place de l’architecture dans ce mode constructif, notamment le respect du principe de la création architecturale qui doit être au cœur de l’élaboration des modèles de préfabrication et des programmes hors-site. Nous avons par ailleurs introduit dans la charte une référence à la loi sur l’architecture de 1977, permettant de sceller un lien indéfectible entre architecture et construction hors-site, avec un même niveau d’exigence en matière de qualité et de garanties au public. En définitive, nous avons toujours défendu le fait que la construction hors-site devait s’inscrire dans les critères qui définissent la qualité architecturale et non l’inverse. De plus, nous serons vigilants quant à la manière dont la construction hors-site s’inscrit en lien avec une architecturale qui est, elle, fondamentalement située et ancrée dans la réalité de nos territoires. C’est pourquoi, au-delà de nos missions régaliennes, le Conseil régional de l’Ordre des architectes d’Ile-de-France a souhaité être présent dans ce groupe de travail pour répondre à de véritables questions politiques qui découlent de ce mode constructif.

Frédéric Quevillon, secrétaire général du CROAIF et membre du groupe de travail « hors-site »

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