"Nous défendons une architecture de proximité, au service de tous"

28 nov 2016Actualités

Entretien croisé de Christine Leconte, architecte et secrétaire générale de l'Ordre des architectes d'Île-de-France et des membres de "Learning from Detroit"*

1/ Christine Leconte - Le CROAIF n’oublie pas les victimes des attentats du 13 novembre 2015, parmi lesquelles figuraient Quentin Mourier, Amine Ibnolmobarak et d’autres jeunes architectes. 
Comme tous les franciliens, les conseillers ont été profondément marqués par ces attentats. Un an après ce tragique événement, nous nous rappelons de tous ceux qui ont péri ce soir-là. Nos confrères et consœurs. Ils portaient les valeurs chères à cette nouvelle génération au sein même de notre profession. Quentin, Amin, Vincent, Emilie, Charlotte et Raphaël étaient au quotidien, dans leurs pratiques professionnelles, les témoins d’une architecture engagée en faveur du bien social. D’une architecture de proximité, au service de tous, porteuse de valeurs de respect et de tolérance. Ils étaient à l’écoute des gens, et certains étaient très engagés dans le secteur associatif comme Quentin Mourier dans l’association « les vergers participatifs ». 

2/ Quel rôle cette jeune génération joue-t-elle concrètement pour favoriser le « vivre-ensemble » ?
Christine Leconte - L’architecture et l’urbanisme concourent au développement et au maintien du « vivre-ensemble ».  La réalisation d’un projet nécessite d’aller à la rencontre de l’autre (usager, habitant…) pour comprendre ses attentes et ses besoins. Cette nouvelle génération vit, côtoie, écoute les autres… Pour beaucoup, il n’y a pas d’acte de bâtir, il n’y a pas de qualité architecturale, sans une concertation, sans une communication entre toutes les parties prenantes du projet bien en amont.
Nous nous attachons à rappeler au CROAIF la notion d’intérêt public de l’architecture, qui en fait une discipline politique et militante.
Il est donc naturel d’être auprès des jeunes architectes qui portent ces ambitions.
C’est dans cette dynamique que la thèse initiée par Quentin Mourier sur Detroit avait été lancée.

Membres de « Learning from Detroit » - Animé par une certaine idée du bien commun, Quentin avait choisi la célèbre métropole du Michigan, matériau historique fort et véritable laboratoire urbain, pour illustrer son propos, singulier. Selon lui, toute situation hostile est vouée à générer, tôt ou tard, une situation d’hospitalité.
Dans cette optique, l’époque troublée que nous traversons, et les questions qu’elle génère, est une occasion de redéfinir les fondations de ce vivre-ensemble.

3 / Justement quels sont les objectifs poursuivis par le projet « Learning from Detroit » ? 
Membres de « Learning from Detroit » - Outre sa dimension mémorielle, « Learning From Detroit » est un projet prospectif, une exploration des travaux de Quentin, animée par une volonté de transmettre le mode de pensée et l’angle de vue singulier qu’il proposait.
Au-delà de la forme écrite sur laquelle nous travaillons déjà, il nous semble difficile d’imaginer concrétiser toutes les idées de Quentin dans un seul objet « terminé » et définitif, tant il œuvrait à transmettre et rassembler, à travers le savoir certes, mais aussi dans l’action et la collaboration.
Ainsi, il émerge en nous une volonté de faire de « Learning From Detroit » un catalyseur, un projet instigateur de nouvelles recherches, conceptions et réalisations, liés aux travaux et aux notions de progrès social défendus par Quentin.


* Le projet "Learning from Detroit" réunit Florian Bérenguer, Blandine Dupas, Hugo Lascoux, Emmanuel Leroy, David Malaud, Hélène Maupas, Taïna Pichon et Matthieu Torres, amis et confrères de Quentin Mourier.
Plus d'informations sur ce projet ici

 

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