Pour une politique de l'habitat au plus près des enjeux des territoires

23 fév 2022Édito

La Convention nationale des architectes s’est tenue à Nantes les 27 et 28 janvier dernier et a rassemblé l’ensemble des Conseils ordinaux régionaux ainsi que le Conseil national. Ces journées ont été l’occasion de dresser un constat commun sans appel : depuis la fin des années 1960, la France ne dispose plus d’une politique publique du logement à la hauteur des enjeux économiques, sociaux et environnementaux auxquels est confronté le pays.


                     25 logements rue Orfila, Paris 20ème -
      Mobile Architectural Office (Photo © Nicolas Grosmond)

Depuis plusieurs semaines, émus par le rapport sur l'état du mal-logement 2022 de la Fondation Abbé Pierre, les candidats à l’élection présidentielle se sont enfin progressivement emparés de cette question fondamentale pour des millions de Français.

A lire les conclusions du rapport datant de 2017, on s’aperçoit que l’état des choses n’a pas évolué depuis cinq ans. Le choc de l’offre promis n’a pas eu lieu, les mutations économiques du territoire continuent à nourrir une vacance croissante, les précarités demeurent.

 

Le logement est une absence pour beaucoup, une souffrance pour certains, un poids pour les autres. Les causes seraient connues, multiples et imbriquées : le prix du foncier, la financiarisation du secteur, le poids des normes, la complexité du code de l’urbanisme, la frilosité des maires, la décohabitation, la crise sanitaire et le covid.

Pour sortir de cette situation complexe, les idées sont nombreuses : collectivisation du foncier, développement du bail réel et solidaire, simplification normative, mise en place d’un permis déclaratif ou d’une pré-autorisation d’urbanisme, aides financières aux maires bâtisseurs, industrialisation de la chaine de production, mobilisation des logements vacants et bien sûr réhabilitation. Mais force est de constater que ça patine.

Prises indépendamment, ces mesures ne dessinent pas une politique cohérente, mais seulement une tentative inaboutie de sortie de crise. C’est pourquoi nous appelons de nos vœux à l’élaboration d’une programmation pluriannuelle de l’habitat dans la prochaine mandature. Cette dernière devra être élaborée depuis les territoires et en lien avec eux, car c’est depuis le terrain que nous serons en mesure de proposer une politique publique de l’habitat, pleinement ancrée au plus près des préoccupations économiques, sociales et environnementales de nos concitoyens.

La France ne peut se permettre de perdre cinq nouvelles années pour agir et doit urgemment faire de la politique de l’habitat une grande cause nationale. C’est le sens du message que nous avons porté lors de la Convention nationale de Nantes et que nous défendrons avec force à l’occasion des prochaines échéances démocratiques de 2022.

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