Rénovation des bâtiments : une ambition trop timorée dans le budget de l'État 2023

27 oct 2022Édito

En ce mois d’octobre 2022, le Parlement examine le projet de loi de finances pour 2023, texte fondamental pour la conduite de nos politiques publiques. En dégainant l’utilisation de l’article 49 alinéa 3 de la Constitution, le gouvernement a souhaité mettre fin prématurément aux débats et graver dans le marbre de la loi les priorités financières qui sont les siennes. Aussi, ce texte devra avant tout répondre à une conjoncture extrêmement difficile liée à la crise énergétique et à la hausse généralisée des prix.

Sur le sujet de la rénovation du bâti, la volonté politique et surtout financière de l’État doit être forte, claire et montrer des signes d’accélération. À ce titre, nous saluons les intentions louables du gouvernement de vouloir faire davantage en matière de rénovation à travers l’augmentation de 500 millions d’euros du budget de MaPrimeRénov’ prévue par le PLF 2023, ou encore sa volonté d’accompagner les collectivités territoriales dans leur transition écologique à travers la mise en place du « Fonds vert » de 1,5 milliards d’euros. Enfin, le lancement de MaPrimeAdapt’ en faveur du bien vieillir chez soi sera mis en place dès le 1er janvier 2023 et piloté par l’Anah.

Pour autant, force est de constater que le compte n’y est pas et les crédits accordés ne représentent qu’une fraction des efforts qu’il faudrait déployer pour mettre à niveau le bâti existant. La France a par ailleurs accumulé un retard important en la matière, notamment pour engager les rénovations au niveau BBC ou équivalent. Car à l’horizon 2050, nos bâtiments devront connaître une transformation inéluctable pour faire face aux changements climatiques mais aussi à l’adaptation des bâtiments aux nouveaux modes de vie, ce qui nécessite une approche multicritère de la rénovation.

Alors que le gouvernement a été en mesure de déployer un bouclier tarifaire sur les prix de l’énergie pour un montant évalué à 45 milliards d’euros en 2022-2023, l’association Negawatt chiffrait en juin 2020 qu’il serait nécessaire d’allouer 25 milliards d’euros par an pour mener les rénovations complètes et performantes de 700 000 logements par an, objectifs fixés par les pouvoirs publics en la matière.  

Un plan d’investissements massifs sur la rénovation du bâti est plus que jamais d’actualité. Depuis une dizaine d’années, les pouvoirs publics ont concentré leur action sur la sobriété carbone et le bilan énergétique des bâtiments, déployant à cet effet un arsenal législatif et règlementaire conséquent. Un programme de rénovation complet et performant doit être mis en place, se basant sur une filière de la rénovation en France dorénavant très bien formée. Le rôle des collectivités locales dans la rénovation du bâti existant est également essentiel pour garantir des rénovations performantes.

Nous appelons ainsi l’ensemble des acteurs du logement à la mobilisation. Si l’architecte occupe une position centrale au sein de ce projet, les élus, entreprises, banques, financeurs privés et assureurs doivent également s’emparer de cette question.

Pour sa part, le CROAIF poursuit le travail engagé auprès des décideurs, de ses partenaires et des 10 000 architectes qu’il représente en Ile-de-France. Plus que jamais à l’écoute de tous, mobilisée au sein des territoires, notre institution a organisé en mars dernier une journée consacrée à « Réparer le bâti », mêlant conférences et tables rondes autour de la présentation de projets et des réflexions sur la nécessaire intensification de la rénovation. Aussi, nous considérons que la rénovation du bâti se doit d’être indéniablement liée à l’amélioration du confort de vie de nos concitoyens au sein de leur logement, via une indispensable meilleure qualité du bâti.

Fabien Gantois, Président de l’Ordre des architectes d’Île-de-France.

Photo : © Brunnquell & André architectes

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