3 questions à... Dominique Garcia, Président de l'INRAP

10 sep 20243 questions à

Dans le cadre du rapprochement entre l'Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) et le Conseil régional de l'Ordre des architectes d'Île-de-France, Dominique Garcia, Président de l'INRAP, a accepté de répondre à nos questions.

1. Créé en 2001, l’Institut national de recherches archéologiques préventives est placé sous la tutelle des ministères de la Culture et de la Recherche. Outre ses missions, pouvez-vous nous rappeler les objectifs que vous assignez dans votre deuxième mandature à cet établissement public ?

L'Inrap est un EPA créé en 2002 en application de la loi de 2001 sur l'archéologie préventive. L'institut assure la détection et l'étude du patrimoine archéologique touché par les travaux d'aménagement du territoire. Il exploite et diffuse les résultats de ses recherches auprès de la communauté scientifique et concourt à l'enseignement, à la diffusion culturelle et à la valorisation de l'archéologie auprès du public. Sa création traduit l'importance prise, depuis les années 1970, par la recherche archéologique en France, et témoigne de la volonté de l'État de soutenir l'exercice de cette mission de service public d'intérêt général.

À son conseil d'administration participent, outre les représentants de l'État, des représentants des organismes de recherche, des collectivités territoriales, ainsi que des aménageurs et des personnels qualifiés dans le domaine de l'archéologie. 
Son activité de recherche est conduite sous l'égide d'un conseil scientifique associant les ministères de tutelle et des membres de la communauté archéologique : CNRS, universités et services archéologiques des collectivités territoriales.

Au cours des différentes phases des travaux de recherches archéologiques, l’Inrap partage avec le public les résultats obtenus. Il développe différents types de ressources, diffusées au plus grand nombre via l’organisation de visites de chantiers, de colloques ou d’expositions, et la production d’ouvrages, de documentaires audiovisuels, d’émissions de radio et d’outils numériques. Chaque année depuis 2009, sous l’égide du ministère de la Culture, l’institut organise les Journées européennes de l’archéologie.

Dans le cadre des diagnostics et des fouilles qu’il conduit, l'Inrap collabore chaque année avec plus de 700 partenaires privés et publics : aménageurs fonciers, sociétés d'autoroutes, exploitants de carrières, conseils régionaux, conseils départementaux, communautés de communes, villes, entreprises publiques, offices HLM… Avec quelque 2 000 collaborateurs et chercheurs et plus de 40 centres de recherches, l'Inrap est présent sur tout le territoire métropolitain et dans les territoires ultramarins.
Il est le principal intervenant en archéologie préventive sur le terrain, en zone rurale comme en milieu urbain.  Son organisation nationale, le nombre et la diversité des compétences de ses personnels font de l'Inrap un institut de recherches sans équivalent en Europe.

Durant l'actuel mandat, l'Inrap doit continuer à renforcer son rôle central dans l'archéologie nationale (expertise, innovation, recherche et formation). Nos actions de partage de la connaissance nous paraissent plus que jamais nécessaires notamment vers le jeune public et le public empêché. Enfin, les capacités de recherche et développement de l'Institut doivent lui permettre de consolider sa place de leader européen,  d'affermir la capacité d'influence diplomatique de la France et de consolider son rôle de plateforme technique, scientifique et culturelle au service de notre patrimoine.

 

2. En quoi, sur le terrain, les interactions entre l’architecture et l’archéologie au quotidien sont-elles nécessaires ? Comment les envisagez-vous ?

Si l'architecte pense et conçoit la ville de demain, l'archéologie se penche sur la ville d'hier -ses formes, ses fonctions et ses usages-. A l'heure où l'aménagement durable du territoire, la maîtrise des trajectoire d'urbanisation, les formes d'habiter et la lutte contre le dérèglement climatique font débat, les villes antiques, médiévales et modernes apparaissent comme des objets d'étude essentiels à une réflexion sur le temps long. A l'échelle d'un chantier de construction associé à un chantier archéologique, les échanges entre maître d'ouvrage, maître d'œuvre et opérateur en archéologie préventive ne peuvent être que fructueux. A l'échelle d'une ville entière, analyser la genèse des formes d'urbanisation peut ouvrir un débat dans lequel les architectes ont toute leur place.

 

3. Un partenariat est mis en place entre l’Inrap et le Croaif. Pourquoi ces échanges, et comment se matérialisent les relations entre ces deux institutions de nature différente dans les mois qui viennent ?

Par ce partenariat, l’Inrap et le Croaif ouvrent un dialogue pour anticiper l'opération archéologique: ainsi maîtres d'ouvrage et maîtres d'œuvre pourront appliquer la prescription archéologique de diagnostic ou de fouille émise par l'Etat en minimisant les contraintes de calendrier mais aussi en matière de génie civil, de disponibilité des terrains, ou encore d'impératifs environnementaux ou agricoles. L'ensemble des acteurs sera armé pour intégrer l'opération archéologique au projet d'aménagement mais aussi, le cas échéant, pour valoriser les résultats de l'intervention archéologique. Notre ambition est de mettre en place des échanges de formation, d'expertise ou de communication, sur le terrain. Mais aussi, pour anticiper au mieux les difficultés et mettre en œuvre une synérgie à hauteur de nos ambitions, lors de réunions dédiées proposées par les deux institutions ou en s'appuyant sur nos supports de communication respectifs. Un souhait : partager nos connaissances sur la ville d'hier et nos ambitions pour la ville de demain.

Pour en apprendre plus sur l'INRAP et ses missions et les synergies possibles entre architectes et archéologues, rendez-vous le lundi 14 octobre pour la matinale dédiée : inscriptions et informations en cliquant ici. 

Dominique Garcia, Président de l'INRAP

Sur le même sujet

Édito
28 oct 2024