3 questions à... Mathieu Coudriaud, architecte et conseiller ordinal

Cette année encore, le CROAIF sera présent au Salon de la Copropriété et de l’Habitat. Quels objectifs poursuit l’Ordre en participant à ce type d’évènements ?

Dans la continuité des années précédentes, l’Ordre d’Île-de-France répondra effectivement présent au Salon de la Copropriété, dans un souci d’accompagner et d’échanger avec une diversité de publics. En sa qualité d’institution ordinale, l’Ordre vise en effet à communiquer et faire de la pédagogie autour de trois publics ciblés : autour du grand public, premier concerné par toutes les questions afférentes à l’habitat, auprès des acteurs publics, à même de pouvoir changer les règles dans un souci d’améliorer les conditions de vie de nos concitoyens, et à destination des architectes, dont la mission de conseil à destination des particuliers est essentielle dans le monde de l’habitat collectif. Il convient en effet de souligner l’intérêt pour le client de recourir aux services d’une profession réglementée et indépendante.

Participer à ce type de Salon est également un moyen pour l’Ordre de promouvoir ses propres dispositifs, comme le site « Architectes pour tous », permettant au grand public et aux professionnels d’identifier les architectes situés à proximité, par type d’interventions et spécialités : https://www.architectes-pour-tous.fr/.

Quel constat dresse aujourd’hui l’Ordre en matière de copropriété ?

Dans son rapport d’enquête publié en juillet dernier, la Commission d’enquête sénatoriale sur la paupérisation des copropriétés immobilières rappelle utilement un certain nombre de chiffres clés. Nous retenons notamment que sur les 880 000 copropriétés identifiées en 2023, 115 000 seraient fragiles, tandis que 35% d’entre elles auraient un DPE de classe F ou G. En Île-de-France, selon l’ANAH, la moitié des logements indignes seraient par ailleurs en copropriété.

Face à ce constat, le CROAIF soutient une amplification indispensable des rénovations du bâti, tant à l’acte que de façon globale, et allant de pair avec une mobilisation financière plus forte. Ce soutien doit notamment atteindre les copropriétés pour lesquelles ces rénovations peuvent s'avérer complexes, et qui ont besoin d’accompagnement. Les architectes sont à même d’intervenir en tant que professionnels pour apporter leur expertise en matière de rénovation, et trouver des réponses qui lient tant les problématiques concrètes comme l’isolation, que celles afférentes à « l’habiter », traitant du confort et de la qualité de vie. Par ailleurs, 70% du bâti qui sera présent en 2050 est déjà construit : il faudra donc l’entretenir, le rénover pour que celui-ci puisse perdurer dans le temps. L’Ordre souhaite accompagner ce tournant que le monde de la construction va devoir emprunter, pour se concentrer sur la rénovation, la réhabilitation et aussi la maintenance, et répondre aux exigences portées par les dispositifs gouvernementaux successifs (DTG, PPT, puis DPE).

Quel rôle peuvent concrètement jouer les architectes envers les copropriétés ?

L’architecte est le professionnel le mieux positionné pour porter une vision globale d’un projet, via les DTG ou PPT. En format son équipe dans cette optique de répondre à tous les enjeux de la copropriété autour d’un triptyque architecte/thermicien/ingénieur financier, c’est effectivement le plus à même d’accompagner le syndic, le conseil syndical dans leurs démarches de projets de rénovation via sa vision à 360°.

De plus, son expertise intervient à toutes les phases du projet, que ce soit dans la définition des besoins aux côtés des copropriétaires, dans la réalisation et l’analyse du diagnostic, dans l’étude du projet, dans le choix des entreprises ou encore dans la réalisation et le suivi des travaux. Il y a deux ans, le CROAIF publiait une frise récapitulant l’intégration de l’architecte dans le processus de rénovation qui trouve encore tout son sens aujourd’hui. 

Mathieu Coudriaud, architecte et conseiller ordinal