Le « bon sens » en question

28 oct 2021Édito

Le 14 octobre dernier, le CROAIF tenait en Essonne la première des huit « Journées des territoires » que nous avons souhaité organiser dans chacun des départements franciliens jusqu’en 2024.

Ces rencontres in situ ont deux objectifs affichés. Le premier, faire bouger les lignes autour de problématiques concrètes d’aménagement sur le terrain. Et le faire avec les élus locaux, les fonctionnaires territoriaux, les CAUE, les organisations professionnelles qui sont en première ligne. Le second objectif est de fédérer les architectes et tous nos partenaires autour de la mission de représentation et d’action politique de l’Ordre pour agir réellement. En démontrant, une fois encore, que des solutions alternatives aux modèles de développement actuels existent, à tous niveaux, d'autant plus nécessaires face aux crises sanitaire, climatique et écologique traversées.

Le même jour, la ministre Emmanuelle Wargon interrogeait le modèle de l’habitat pavillonnaire.

De cette déclaration, tirons deux enseignements : d’abord, que le discours de bon sens que nous tenons en Île-de-France depuis 2014 produit des effets. Pour autant, les réactions suscitées sont tout aussi riches d’enseignements.

Depuis plus de quarante ans, le modèle pavillonnaire est, avec la propriété, un indépassable dans notre pays. Rappelons ici que l’économie de l’habitat pavillonnaire est d’autant plus attractive qu’elle est nourrie d’un foncier agricole bradé moteur de l’étalement urbain. Les Français y aspirent sincèrement, sans toujours connaître le champ des possibles. Nombre de nos concitoyens, bien des professionnels aussi, ont donc perçu le message comme un véto. L’Etat entendrait-il interdire aux Français de vivre comme bon leur semble ?

Dans le même temps, le maire d’Evry-Courcouronnes et les élus de l’Essonne nous alertaient de leur difficulté à garantir une qualité architecturale à l’échelle de la ZAC, en contexte de tensions foncières, de contradictions entre les services de l’Etat et en présence d’acteurs privés parfois peu vertueux.

Cette « Journée » est finalement apparue comme un révélateur supplémentaire des réalités, de la perfectibilité des dispositifs.

Une conclusion s’impose. Les enjeux sont là et pressants : inégalités sociales, changement climatique, cadre de vie dégradé… Adapter et changer nos villes au service de toutes et de tous nécessitera plus qu’un toilettage de surface de nos processus de fabrication de la ville et de l’architecture.

La réglementation au service du projet, mais aussi le dialogue, la connaissance et une pédagogie adaptée seront les plus sûrs vecteurs du changement attendu. De cette dynamique, par leur capacité à imaginer et à fédérer, par leur savoir comme par leur connaissance du terrain, les architectes sont déjà les acteurs d’un aménagement de nos territoires pour une société plus juste et équitable.

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