Nicola Delon « Pour innover il faut essayer, chercher, explorer avec attention et détermination »

22 mai 2017Actualités

Entretien avec Nicola Delon du collectif d'architectes "Encore Heureux"

1/ Quel va être à moyen et long terme l’impact d’une mesure comme le « permis de faire » sur votre pratique et la pratique architecturale en général ?
On peut s’étonner qu’il eût été nécessaire de légiférer pour “permettre de faire”. Cela démontre le carcan normatif et réglementaire qui est à l’œuvre et l’épuisement des concepteurs qui en découle. Ce qui est intéressant c’est de reconnaître que le monde de la construction (ou du BTP comme certains disent) doit, à l’instar de nombreux domaines comme l’agriculture ou l’énergie, se questionner sur ses pratiques et ses habitudes parfois trop éloignées du bon sens, de l'intérêt collectif et des enjeux écologiques majeurs. C’est reconnaître également que pour innover il faut essayer, chercher, explorer avec attention et détermination.

2/ L’innovation est un terme « valise ». Quelle serait votre définition de l’innovation architecturale et comment la qualifier pour qu’elle soit prise en compte par les décideurs publics et privés ?
En effet, on peut se méfier du mot innovation mais encore une fois les mots sont ce que nous en faisons. Il faut s’entendre par contre sur les objectifs de ces innovations. Pourquoi voulons-nous faire autrement ? Pour aller plus vite, pour être plus rentable, pour répondre à des enjeux politiques, économiques, écologiques... L’innovation en soi n’a que peu d'intérêt, c’est le champ des possibles qu’elle offre qui est le véritable enjeu et c’est de cela qu’il nous faut parler véritablement.

3/ Vous faites partie du collectif « Encore Heureux », comment envisage-t-il l’innovation ?
Pour nous l’innovation en architecture s’envisage selon trois directions : l’innovation méthodologique dans les processus de conception et de commande, l’innovation programmatique liée aux usages des lieux ou des moments que nous concevons et enfin l’innovation matérielle qui s’attache à questionner les gisements disponibles pour construire demain. Le travail mené pour l’exposition “Matière Grise” avec le Pavillon de l’Arsenal a été une recherche théorique qui nous a permis ensuite d’expérimenter des mises en œuvre relatives au réemploi pour le Salon Cherret ou le Pavillon Circulaire.
L’innovation se situe pour nous à la rencontre de la pensée et de l’action. Dans ce que nous appelons aussi des “bricolages organisés”.

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